02/12/2015

Théâtre : Contre les violences faites aux femmes


Article pour TouteLaCulture.com

Lien : http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/nema-une-ode-a-la-fragilite-de-legalite-hommes-femmes/


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Mélissa Chemam
30 novembre 2015


Nema, une ode à la fragilité de l’égalité hommes / femmes



La metteur en scène française Marie Ballet adapte la pièce de l’Ivoirien Koffi NEMA, sur les rapports de force entre hommes et femmes et la difficulté de parfois voir venir les situations d’abus. Un texte très contemporain et d’autant plus pertinent qu’il est dense et fin.


Nema et Idalie n’ont a priori que peu en commun. L’une est discrète et vit de ses ménages. Mariée jeune, Nema rétrécit sous le poids de son envahissant mari, le fleuriste de la ville bien trop bavard, bien trop curieux, mais surtout bien trop frustré par des ambitions irréalisables. Idalie, quant à elle, vient d’être promue chef de son agence de publicité, gagne plus que bien sa vie et se réjouie d’un mariage qu’elle juge parfaitement équilibré avec Benjamin, lui aussi créatif dans la publicité, accessoirement son collègue et donc désormais son subalterne. Nema admire Idalie et ne manque pas une occasion d’exceller dans son humble travail de femme de ménage à son service.

Mais les apparences sont bien évidemment souvent trompeuses. Alors que la violence infligé à Nema par son mari Nicolas apparaît de plus en plus au grand jour, Nema et Idalie développent progressivement une affection sincère et un début d’amitié, et le parfait mariage du couple moderne que forment Idalie et Benjamin révèlera bientôt aussi ses craquelures.

La mise en scène de Marie Ballet donne une grande place aux personnages secondaires : la secrétaire d’Idalie notamment, Taos, femme célibataire et en quête de l’amour dans les lignes imprimées de petites annonces des magazines, et la mère de benjamin, Marie, maman poule et belle-mère envahissante s’il en est… Les options de mise en scène orchestrent ainsi un ballet de vitalité autour du texte, très fort, de Koffi Kwahulé, dramaturge joue dans le monde entier, également romancier et lauréat du Prix Edouard Glissant en 2013.

Dans la salle presque nue du Théâtre de l’Opprimé, les scènes s’enchaînent et parfois se superposent, aidées par un simple iPod qui diffuse notamment à intervalles réguliers des extraits de la Symphonie N°3 du musicien polonais Henrik Gorecki, tels des rappels des tragédies passées et une annonce des drames à venir. Des bouquets de fleurs servent de fil rouge entre les scènes, comme autant de demandes de pardon un peu trop faciles. Et la métaphore de la lumière comme force d’amour ou excès de puissance est dans toutes les voix…
Le tout se situe essentiellement la maison d’Idalie et Benjamin, leur bureau, et la boutique du fleuriste Nicolas. Puis l’emplacement central devient rapidement la baignoire, lieu du délassement, du plaisir, mais aussi de l’intimité plus ou moins heureuse… plus ou moins oppressante.

Nema chante, seule pour se rappeler les violences antérieures dont elle ne parvient pas à parler, elle chante aussi pour prophétiser. Taos danse, bouge, pour essayer de vivre, et pour cacher ou oublier sa solitude.  Et Idalie s’entête à sauver Nema des violences de son mari pour ne pas voir le sien sombrer dans la jalousie et une malsaine compétition.

Représenter la violence sur scène n’est pas chose facile. C’est aussi l’un des grands thèmes récurrents du théâtre. Si la mise en scène est ici d’abord légère, charmante parfois, dure comme il faut par moments, elle est un peu écrasée par la densité et la longueur du texte par d’autres. Elle est en grande partie régénérée par le ton très juste de comédiennes, la frêle Marion Amiaux (dans le rôle de Nema), la charismatique Aurélie Cohen (dans celui d’Idalie) et la pétillante Ombeline de la Teyssonnière (dans celui de Taos). Mention spéciale également aux interprètes mâles qui n’ont pas la tâche facile.


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Du 25 novembre 2015 au 6 décembre 2015 au Théâtre de l’Opprimé
, 78 rue du Charolais 75012, Paris. Du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h.
Et
Les 28 et 29 janvier 2016 au Théâtre de Fontenay-le-Fleury, Place du 8 mai 1945,78330, Fontenay-le-Fleury. A 20h30.
Du 5 au 7 février 2016 au Pocket Théâtre, 36 boulevard Gallieni, 94130, Nogent-sur-Marne. Vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 17h.

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Lien vers le site du théâtre : http://www.theatredelopprime.com/


NB. Le 25 novembre, soir de la première, est déclaré par l’ONU Journée mondiale contres les violences faites aux femmes. A Paris, toute cette semaine  plusieurs événements sont également organisés.



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Plus d'illustration : Copyright Cie Oui aujourd'hui









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