11/04/2015

Kenya : le vice-président William Ruto vise le camp de réfugiés de Dadaab


 Au Kenya, le vice-président William Ruto relance le débat sur le camp de réfugiés de Dadaab : il a annoncé avoir demandé au Haut Commissariat de l'ONU de fermer le camp en mois de trois mois, un camp accueillant en effet plus de 300.000 réfugiés somaliens arrivés depuis 1991 et le début de la guerre civile en Somalie. Une déclaration choc. 

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Mélissa Chemam pour Rfi

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Dadaa, nord-est du Kenya, 2011
© Mélissa Chemam

Le vice-président kenyan a fait cette déclaration lors d'une adresse dans la ville de Nyeri cet après-midi, dans la province centrale du Kenya. Il a annoncé que le gouvernement kenyan a donné au Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR) trois mois pour fermer le camp de Dadaab et déplacer les réfugiés. Il a mis en garde que sans action du HCR pour fermer le camp, les autorités kenyanes déplaceraient elles-mêmes les réfugiés.

Cette déclation de Willima Ruto intervient quelques jours après que des leaders de la région du nord-est du Kenya ont demandé la fermeture du camp de réfugiés, une demande déjà formulée en septembre 2013 après l'attaque du centre commercial de Westgate à Nairobi - qui avait fait 67 morts.

William Ruto a également comparé l'attaque de Garissa par les miliciens somaliens d'Al Chebab au 11 septembre 2001 à New York.

Il a appelé à un changement radical de politique sécuritaire en conséquence.

Ces dernières semaines, le Kenya a aussi lancé un projet de construction d'un mur le long de la frontière somalienne.



UN CAMP SATURE

Le camp de Dadaab accueille en effet plus de 335.000 réfugiés dont la plupart sont des Somaliens qui ont fui la guerre civile dans leur pays depuis 1991.

Mais pour les ONG travaillant avec la gestion des réfugiés dans la Corne de l'Afrique, cette demande est irréaliste et répond à des arguments populistes.
D'abord parce que le Kenya a signé les accords en matière de droits des réfugiés, et puis parce qu'un tel déplacement est pratiquement impossible, surtout en trois mois.

Pour Rufus Karanja, porte-parole du Comité Danois pour les Réfugiés, très présent à Dadaab, cette demande ne prend pas en compte la présence d'autres réfugiés dans ce camp, le 2e plus grand d'Afrique : dont des Éthiopiens, Sud Soudanais et Congolais. De plus, la situation même de la Somalie ne permet pas d'envisager le retour de réfugiés.

Enfin, les ONG de défense des droits de l'homme insistent sur le fait que le Kenya n'a jamais prouvé les liens entre la présence des réfugiés et les attaques terroristes, qui sera l'argument central de cette demande de clôture.

Le camp est cependant régulièrement attaqué par les chebabs qui y cherchent ravitaillement et y propagent leur propagande...

Le HCR n'a pour l'instant pas répondu.


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