02/10/2014

Prochain Tchekhov : 'Oncle Vania' au Theatre de Sceaux


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et les infos :


SPECTACLES - THÉÂTRE

Oncle Vania

Adaptation et mise en scène Éric Lacascade

D’après Oncle Vania et L’homme des bois D’Anton Tchekhov








D’après la traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan publiée aux éditions Babel Actes-Sud. Avec Jean Boissery, Arnaud Chéron, , Philippe Frécon, Alain d’Haeyer, Stéphane E. Jais, Ambre Kahan, Norah Krief, Eric Lacascade, Jean-Baptiste Malartre, Maud Raye, Laure Werckmann

mer. 08 oct. 20h45
jeu. 09 oct. 20h45
ven. 10 oct. 20h45
sam. 11 oct. 20h45
dim. 12 oct. 17h00
mer. 15 oct. 20h45
jeu. 16 oct. 20h45
ven. 17 oct. 20h45
sam. 18 oct. 20h45
dim. 19 oct. 17h00



















Depuis de nombreuses années j’explore régulièrement l’oeuvre de Tchekhov. Elle est une source à laquelle je reviens régulièrement. Il est vrai que ce fut mon premier amour d’auteur, et qu’un premier amour vous marque à jamais. Au fil du temps, au fil de ces rendez-vous, je me suis senti en empathie, en symbiose avec les personnages – plus que des personnages nous dirions des gens – et les situations qui les traversent : Ivanov, Les Trois Soeurs, puis la Mouette et Platonov.

Aujourd’hui Vania, L’homme des bois. Incontournable. Tchekhov peint ici un microcosme familial étouffant, et ça me plait. Son portrait d’une bourgeoisie mi-campagnarde, mi-intellectuelle en train de sombrer me parle. Je crois à cette fin du monde-là. Les plaintes et les pleurs de Vania sur sa jeunesse envolée m’attirent aussi. Et la noirceur d’Astrov. De même que ces histoires d’amour sans espoir, ces histoires d’amitié sans pitié. Et la vie qu’on dit ratée aussi. Et cet écart entre ce que l’on croit être, ou pouvoir devenir, et ce que l’on est, à la fin. La violence des propos et des sentiments, la faiblesse des propos et des sentiments, l’exigence des êtres envers eux-mêmes, leur clairvoyance et leur exhibitionnisme, et pourtant leur incapacité à agir ou à évoluer.

Dieu sait pourtant qu’ils luttent ! Et cela nous bouleverse, car avant la résignation mentale ou physique ces hommes et ces femmes luttent. Au bord de l’abîme, maladroitement, dans tous les sens, pour eux et contre les autres, pour les autres et contre eux-mêmes, ils luttent. C’est cette lutte que je vais montrer.

Ce déferlement d’humanité, ce bouillonnement des passions qui se mêlent et s’entrechoquent sur scène, nous sont d’un coup renvoyés en pleine figure et là, c’est avec  nous-mêmes que nous avons à faire.

Tchekhov a écrit une première version d’Oncle Vania qui s’appelle L’homme des bois. Il m’a semblé tentant de réunir ces deux textes en un seul, pour la première fois. La famille chez Tchekhov est un espace difficile, douloureux, nœud gordien de violence. Chacun dans cette famille élargie est en questionnement, en dépression diront certains. Pas une dépression à rester cloîtré, mais un état de crise dans lequel les sentiments, les émotions, les questions sont envoyés à la face des autres. Lucides quant à leur état, ils sont en grande souffrance, et l’humour naît du désespoir et peut conduire à l’élégance. Chacun d’entre eux traverse une crise identitaire. Vania se dit : « Mais je suis passé à côté de ma vie ! Serait-il possible de recommencer ? ». Non. La vie n’est pas un brouillon. On ne peut pas la recommencer. Il faut vivre avec les regrets, les réussites, les échecs, les plaisirs passés, et continuer. Il est passé à côté d’une vie, d’une voie plus personnelle, plus intérieure. C’est dans cet état de crise identitaire que nous le découvrons au début de la pièce, amer, déçu par Alexandre Sérébriakov, écrivain qu’il a soutenu et admiré, dont il désire la femme : Éléna. Belle, intelligente, elle travaille à son émancipation, sous les regards de désir que porte chaque homme sur elle. Traversée par plusieurs histoires d’amour qui ne sont pas de même nature, la pièce parle de plusieurs couples se faisant et se défaisant, de solitudes, de tentatives de vivre ensemble, de désirs, de pulsions…

Rien ne se dénoue, les conflits restent, mais maintenant tout le monde les taira. La vie ne fait que continuer, on ne s’invente pas de « nouvelle vie ». Les rêves ont disparu… Reste le réel. L’espoir de Tchekhov réside dans la génération qui vient, qui comprendra et ne reproduira pas nos erreurs ; elle sera en capacité de créer « une autre vie », forte du regard qu’elle portera sur nous, qui avons été incapables de le faire. L’optimisme de Tchekhov est de suggérer que l’histoire pourrait prendre un autre tour. Réflexion au coeur de cet Oncle Vania. Nous n’avons pas pris le bon tournant. Les jeunes générations doivent prendre d’autres chemins, ne pas se laisser rattraper par la routine, une forme sociale, un devoir, la famille, les modèles, les idées toutes faites sur ce que doit être la vie ou le bonheur… Résister ! Et résister c’est créer !

Éric Lacascade, décembre 2012

Renseignements/Réservations :
Les Gémeaux / Scène Nationale
49, avenue Georges Clemenceau
92330 Sceaux
Tél. administration :
01 46 60 05 64
Réservations :
01 46 61 36 67
Contact mail :
 
Crédits photographiques : Didier Pruvot

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