08/10/2014

Derrida - 10 ans après - Sur Arte : documentaire "Le courage de la pensée"



JACQUES DERRIDA

Le courage de la pensée

EN DIRECT mercredi 08 octobre à 22h25 (53 min)

À l'occasion du dixième anniversaire de sa disparition, itinéraire d'une figure philosophique inclassable du XXe siècle, dont la pensée vivante et déstabilisante se confondait avec son existence et les événements de son temps. Avec notamment le témoignage d'Étienne Balibar, Jean-Luc Nancy, Hélène Cixous, Élisabeth Roudinesco et Philippe Sollers.
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« Derrida, le courage de la pensée »

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A l’occasion du dixième anniversaire de sa mort, portrait du philosophe, théoricien de la déconstruction (mercredi 8 octobre - 22 h 25 - Arte)

La transmission, comme geste à la fois nécessaire et impossible, fut pour Jacques Derrida (1930-2004) le combat d’une vie. Il n’y a donc nul hasard si cette exigence se retrouve au cœur du documentaire cosigné par Virginie Linhart et Benoît Peeters, dix ans après la mort du philosophe : la première a déjà réalisé plusieurs films sur le passage du témoin entre les générations, le second a écrit une biographie de Derrida (Flammarion, 2010).

Le philosophe français Jacques Derrida, photographié le 06 janvier 2001 dans sa maison à Ris-Orangis, près de Paris.
La transmission, la vie, une seule et même guerre : on le comprend d’emblée en écoutant le témoignage d’un ami d’enfance, Jean Taousson, qui rappelle comment le petit Jackie Derrida, 12 ans, fut exclu de son collège, à Alger, parce que juif sous les lois de Vichy : « Il a pris un coup qui l’a envoyé à terre, mais il s’est relevé tout de suite et à partir de là n’a plus compté que sur lui-même », témoigne-t-il. Cette expulsion brutale, le jour de la rentrée 1942, Derrida n’en est jamais revenu : « Le surveillant général m’a appelé dans son bureau et m’a dit : “Tu rentreras chez toi, tes parents t’expliqueront.” Et je n’ai rien compris, je dois dire », se souviendra plus tard le philosophe.
Or, tout se passe comme si ce « coup » avait été le coup d’envoi d’une trajectoire qui a fait du retrait une stratégie, et des marges une position de combat. C’est là que Derrida s’est tenu, c’est de là qu’il a mené ses batailles. Marges de la langue française, qu’il aima d’un amour fou : « Laisser des traces dans la langue française, voilà ce qui m’intéresse »,aimait-il à répéter. Marges de la philosophie, dont il a dynamité une à une les certitudes. Marges de l’université, à laquelle il s’est sans cesse heurté, du moins dans son propre pays : « La France n’aime pas que ceux qu’elle n’a pas reçus soient applaudis ailleurs », résume la philosophe Hélène Cixous.

INTELLECTUEL ENGAGÉ

Alternant lectures de textes et témoignages (les philosophes Jean-Luc Nancy, Avital Ronell, Etienne Balibar et Samuel Weber, l’écrivain Philippe Sollers, l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco), le film propose également quelques belles images d’archives, qui donnent à voir les différents visages du théoricien de la déconstruction. Derrida le khâgneux, écharpe drapée sous veston studieux, fraîchement débarqué de son Algérie natale et affrontant cette période de concours qu’il évoquera toujours comme des « années infernales »
Derrida l’agrégatif, auquel Louis Althusser, son maître à Normale-Sup, écrit des mots fraternels, à l’encre bleue, sur du papier d’écolier : « Derrida nous verrons ensemble le détail de ce devoir : il n’aurait aucune chance de passer à l’agrégation. Je ne mets pas en cause la qualité de tes connaissances ni ton intelligence conceptuelle, ni la qualité de ta pensée. Mais on ne les reconnaîtra au concours que si tu opères uneconversion” radicale dans l’exposition et l’expression », prévenait le grand théoricien marxiste. Derrida l’intellectuel engagé, jeté dans les prisons tchèques, en 1981, puis menant différentes batailles, contre la peine de mort ou pour la défense des sans-papiers. Derrida la star américaine, enfin, qui inspire Woody Allen et reçoit les hommages de ses groupies étudiantes, avec un sourire faussement modeste mais authentiquement malicieux.
Sans grande audace formelle, ce documentaire propose ainsi une honnête introduction à la vie d’un intellectuel « marginal » dont la gloire fut et demeure internationale.
Virginie Linhart et Benoît Peeters (France, 2014, 53 min). Mercredi 8 octobre - 22 h 25 - Arte




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