12/08/2014

"Palestine" partout



"Il faut toujours parler, dit-il. Aux moribonds, aux fous, aux ânes, meme aux ennemis ! Il ne faut pas cesser de parler".


Le Docteur, dans Palestine de Hubert Haddad





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Hubert Haddad

Palestine


Roman
Prix Renaudot Poche 2009 — Prix des cinq continents de la Francophonie 

Palestine


Quelque part en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la « ceinture de sécurité », une patrouille israélienne est assaillie par un commando palestinien. Un soldat tombe sous le feu, un autre est enlevé par le commando bientôt en pleine déroute… Blessé, sous le choc, l’otage perd tout repère, en oublie son nom. C’est, pour lui, la traversée du miroir.
Seul survivant, sans papiers, en vêtements civils et keffieh, le jeune homme est recueilli, soigné puis adopté par deux Palestiniennes. Il sera désormais Nessim, frère de Falastìn, étudiante anorexique, et fils d’Asmahane, veuve aveugle d’un responsable politique abattu dans une embuscade.
C’est ainsi que Nessim découvre et subit les souffrances et tensions d’une Cisjordanie occupée...

Dans ce bouleversant roman, Hubert Haddad transfigure avec Falastìn — moderne Antigone — toute l’horreur du conflit en une tragédie emblématique d’une grande beauté.

Palestine a été traduit et publié en Italie (Il Maestrale), en Allemagne (Nautilus), au Portugal, (Quetzal), en Espagne et en Turquie.

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« On tient avec Palestine un livre grave, très fort, très humain. Ce livre est tragique, mais il est plein de détails qui font que cette tragédie n’est pas désespérée. » 

J.-M. G. Le Clézio

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Qui a écrit Palestine, ce roman admirable de simplicité sur un des sujets les plus complexes qui soit ? Cham, son héros, est un jeune soldat israélien enlevé par un commando palestinien en Cisjordanie alors qu’il part en permission. Laissé pour mort, il est recueilli par une famille de Palestiniens pacifistes et devient l’un des leurs : à son réveil, Cham, frappé d’amnésie, prend l’identité de Nessim, le frère disparu de Falastin. Auprès de cette jeune femme qui l’a soigné et dont il tombe amoureux, auprès de sa mère aveugle et de leurs proches, il vit le quotidien des Palestiniens. De douleur intime en désespoir collectif, Nessim embrasse leur cause. Jusqu’à ce que Cham se réveille de nouveau à lui-même, transformé.
Qui a écrit Palestine ? Hubert Haddad. Son prénom juif est Abraham, né à Tunis en 1947, l’aube d’Israël. Venu à Paris à l’âge de 5 ans, il y grandit du côté de Ménilmontant où se reconstitue sa culture judéo-arabe dans un Orient mêlé à l’islam. « Au départ, souligne l’écrivain, il n’y a pas d’identité. Ce sont les représentations qui la créent plus tard. » Dans son enfance, Baya, sa grand-mère algérienne, verse des larmes en prononçant le nom d’un pays perdu. « J’imaginais cette Palestine des oliviers et des villes saintes comme le lieu mythique des retrouvailles où Baya ne pleurerait plus. » Quand surgit l’Etat d’Israël, l’enfant assiste, dans le milieu juif traditionaliste familial, à « une incroyable exaltation associée à la culture religieuse ». « Et c’est face à Israël, ajoute-t-il, que le nationalisme palestinien s’est incarné fortement. Mais nous sommes nombreux, Juifs et Arabes, à penser que deux Etats de droit seront un jour prochain en paix. Dans Palestine, j’ai tenté de dire cette attente. »
Vingt ans plus tôt, Hubert Haddad écrivait Oholiba des songes (réédité chez Zulma) dont la fin, réunissant un Juif et une Palestinienne, annonçait le début dePalestine. Il l’avait oublié. Parti en 2005 en Inde du Sud, pour une résidence d’écriture sur les traces du judaïsme antique, il abandonne le héros de son manuscrit, un vieux musicien longtemps déchiré en Israël, qui, lors d’un concert en Inde, se voit rattrapé par le judaïsme du royaume de Cranganore. « Soudain, je me suis senti très fatigué par l’Histoire, les références, alors que l’actualité criait, hurlait, autour de moi. Ce personnage insatisfait reflétait mon problème à moi, en tant que vivant. Alors j’ai mis ce roman dans un tiroir, et j’ai écrit Palestine. »
(...) Qui, encore, a écrit Palestine ? Le frère aîné d’Hubert Haddad, Michel (1943-1979), artiste peintre, qui s’est suicidé – comme le frère de Cham dans le roman. Sans cet homme parti en Israël en 1966 vivre l’aventure du judaïsme, Palestine n’aurait sans doute pas vu le jour. « Pour lui comme pour moi il était évident que l’on pouvait penser le partage sur tous les plans, comme le judaïsme sait penser l’altérité et la diversité. Mais face à la régression, face au drame vécu aussi, mon frère qui n’était qu’optimisme a perdu la tête, est parti vivre seul dans une cabane de Jérusalem-Est, celle que je décris dans Palestine. De retour en France un an plus tard, il s’est tué avec un fusil de chasse. » En mémoire du parcours d’espérance de son frère, et en souvenir de la poétesse Miriam Silesu à laquelle Falastin, l’écorchée vive, ressemble tant, Hubert Haddad a écrit ce livre « avec des absences qui deviennent des présences ».
Qui a écrit Palestine ? Un poète, dont la langue magnifique redonne vie et humanité aux douleurs quotidiennes du conflit. « Le roman est cette magie qui permet de penser librement l’Histoire, il porte à une sorte d’objectivité intuitive où même si l’on ne connaît pas la solution, on est persuadé qu’il y en a une. » Sous la palpitation des mots, dans la chair souffrante des personnages mis en présence au milieu de paysages absolument communs, et au-delà du destin suspendu de Cham,Palestine est un roman offert en partage. Et sans doute l’un des plus beaux livres d’un écrivain qui s’y engage face à ses contemporains.

Valérie Marin La Meslée, Le Monde des livres, 1er novembre 2007

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Et aujourd'hui sur France Culture :

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Israël / Palestine : les sociétés civiles peuvent-elles œuvrer pour la paix ? 0

12.08.2014 - 18:15
Invité(s) :
Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la paix
Yaël Lerer, fondatrice de la maison d'edition Al Andalus
Renée Prangé, membre du Bureau National de l'AFPS ( Association France Palestine Solidarité )

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