27/05/2014

Libye : que peut le nouveau gouvernement?



Au lendemain de l'élection du nouveau Premier minitre libyen, Ahmed Maïtik, à Tripoli, le chaos sécuritaire continue de régner dans le pays.
Ce matin, un journaliste libyen critique des jihadistes a été assassiné à Benghazi, dans l'est du pays, fief des groupes armés radicaux.
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C'est une source hospitalière qui a annoncé la mort de Meftah Bouzid, rédacteur en chef du journal Burniq, tué par balles lundi matin dans le centre ville de Benghazi.
Selon un des ses proches, ces critiques contre les islamistes lui avaient valu des menaces de morts répétées.

Cette annonce intervient moins de 24h après le vote de confiance au Parlement de transition libyen, hier soir, le Congrès général national, qui a accordé sa confiance au nouveau gouvernement d'Ahmed Maïtik.

La question est de savoir si ce renouvellement des autorités de transition peut enfin contribuer à ramener un peu de stabilité dans le pays en proie aux violences et à l'insécurité.

Le nouveau cabinet de 23 ministres, destiné à diriger le pays jusqu'au prochaines élections législatives du 25 juin, n'est pour l'instant pas complet - quatre postes restent à pouvoir dont les ministères des Affaires étrangères et de la Défense.
Il avait été élu il y a deux semaines lors d'une session parlementaire chaotique et était dénoncé comme illégal par certains parlementaires.
Mais surtout, malgré le vote de confiance de dimanche soir, ce gouvernement, soutenu par les islamistes reste contesté par les groupes laïcs faisant front autour de la personnalité de Khalifa Haftar, général rebelle. 

Selon le Libya Herald, Ezzidden Al-Awami, premier Président adjoint du Parlement de transition libyen, qui a contesté l'élection de ce gouvernement, met en garde à présent contre le désastre qui attend le pays si le nouvel exécutif entre effectivement en fonction.

Et pour l'envoyé spécial de l'UE pour la Libye, cette crise est la plus sévère traversée par le pays depuis la chute de Kadhafi en 2011 ; il souligne le poids des brigades d'ex-rebelles et milices dans le pays.

Le pays n'a - de plus - toujours ni armée nationale, ni constitution.
Les luttes et violences entre milices pro- et anti-islamistes se révèlent encore particulièrement violentes dans la région de Benghazi; l'assassinat d'un journaliste lundi matin vient renforcer le sentiment que dans l'est ne règne que chaos et impunité. 

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Que peut ce gouvernement?
Eléments de réponse avec Hasni Abidi, directeur du CERMAM, à Genève, pour qui le pays a absolument besoin de montrer un semblant de légalité 

Hasni Abidi,
directeur du CERMAM, à Genève, le Centre d'études du monde arabe et méditerranéen
joint par Mélissa Chemam pour RFI.

Hasni Abidi,directeur du CERMAM, à Genève, pour qui le pays traverse en effet une crise sans précédent mais ne peut prendre le risque de laisser la situation sécurité s'envenimer et provoquer une scission notamment à l'est...


http://www.rfi.fr/afrique/20140527-libye-gouvernement-nomme-catimini-prevenir-le-chaos/

« D’abord, on a un gouvernement par défaut parce qu’on ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir un gouvernement, sinon on allait assister à un vide politique et un vide constitutionnel très important puisque le pays va connaître des élections très importantes fin juin, explique Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Cermam). Le deuxième élément qui a précipité la formation d’un gouvernement aussi discrètement, c’est bien entendu la tentative de coup de force menée par le général Khalifa Haftar, et certains de ses miliciens ont menacé d’arrêter certains députés et même le gouvernement. Il fallait absolument remplir ce vide et constituer ce gouvernement pour dire que la Libye est bien dirigée par un gouvernement disant que la légalité institutionnelle est toujours en vigueur en Libye. »
Risque de partition du pays

Hasni Abidi ajoute que dans cette crise sans précédent que traverse le pays, ce qu’il reste de l’Etat ne peut prendre le risque de laisser la situation sécuritaire s'envenimer et provoquer une scission notamment à l'Est : « La situation est très critique et jamais la Libye n’a traversé une zone de turbulences sur le plan sécuritaire et politique, et même économique. Le pays est presque en défaut de paiement. Benghazi, évidemment, c’est le symbole de toute la région de l’Est et elle paie le prix fort de l’absence de l’Etat, de la centralisation du pouvoir à Tripoli, et de la non prise en considération de ses besoins par à la fois la milice de Misrata qui est importante et qui est une véritable armée dans l’Etat, et aussi par le gouvernement central. Evidemment, les assassinats sont aussi un élément très important qui risque d’amplifier un peu ce divorce entre la région de l’Est et Tripoli. Mais de là à vraiment imaginer une scission, ce serait grave et dangereux dans la mesure où la Libye ne peut pas se permettre le luxe d’avoir trois régions complètement indépendantes. »

Plus d'infos sur www.rfi.fr

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